Grandes lignes de l’Histoire du peuple juif

(de la période romaine à l’époque actuelle)

 

(Synthèse réalisée par l'historienne Béatrice de Varine que nous remercions chaleureusement)

 

I – La période romaine

II – Les Juifs au Moyen-Age

III – Les Juifs pendant la Renaissance et les « temps modernes »

 

IV – Les Juifs au XIX° siècle

V – Les Juifs au XX° siècle

Bibliographie

 

I – La période romaine

 

Les relations entre Rome et la Judée-Palestine

 

-         63 av. notre ère : Pompée, alors au Proche-Orient, devient l’arbitre d’une querelle dynastique chez les Asmonéens (descendants des Macchabées). Il entre à Jérusalem avec ses troupes, et pénètre même dans le Saint des Saints du Temple, ce qui choque beaucoup la population. C’est le début de l’occupation romaine en Judée.

-         de 37 à 4 av. notre ère : règne d’Hérode « le Grand » , vassal de Rome. Monarque fastueux, cruel, constructeur de villes et bâtisseur d’un nouveau Temple à Jérusalem.

-         de 6 à 66 de notre ère : la Judée est annexée par Rome. Césarée devient la capitale administrative. Période des procurateurs romains (à part le court règne d’Agrippa 1° petit-fils d’Hérode, de 41 à 44). Tension permanente entre Juifs et Romains, due au poids de l’occupation et surtout à des motifs d’ordre religieux.

-         De 66 à 74 : révolte juive contre Rome. En 70, prise de Jérusalem par Titus et chute du Temple. Départ de nombreux Juifs en diaspora.

-         132-135 : Nouveau soulèvement en Judée, l’empereur Hadrien ayant interdit la circoncision. La révolte est menée par Bar Kochba et s’achève par la chute de Jérusalem, désormais nommée Aelia Capitolina. Les Juifs en sont exclus pour des siècles. La Judée devient province romaine, sous le nom de Palestine. Nouveau départ d’un grand nombre de Juifs en diaspora.

-         330 : la Palestine passe à l’Empire romain d’Orient.

-         401-450 : règne de Théodose II. Un nouveau code de lois supprime aux Juifs de nombreuses libertés. Dans les siècles suivants, les Juifs quittent pour la plupart l’Empire byzantin, très peu tolérant à l’égard des hérétiques et des non-baptisés (code de Justinien en 529, imposant aux Juifs un statut encore plus restrictif, etc.)

 

La diaspora juive

 

-         Depuis le 6° siècle av. notre ère : il existe une diaspora en Babylonie (538, Cyrus  autorise les Juifs déportés à Babylone et leurs descendants à rentrer à Jérusalem. Un certain nombre d’entre eux demeurent en Babylonie). Depuis lors, des communautés juives prospères sont installées dans cette région et s’adaptent aux lois de l’Empire perse. Le judaïsme de Babylonie – où, loin du Temple, s’est développé une pratique synagogale - reste en lien étroit et fructueux avec celui de Judée jusqu’à la période romaine et au-delà.

-         Depuis la période hellénistique, des communautés juives se sont installées en Asie Mineure, Syrie, Egypte, Italie… et dans beaucoup de grands ports du pourtour méditerranéen. Le judaïsme  hellénistique  demeure  en lien  avec celui de Judée,  mais il est  imprégné  de culture grecque, comme le prouvent, à Alexandrie, la traduction de la Bible en grec par les « Septante » (3° siècle av. notre ère) et l’œuvre du philosophe Philon (1° siècle de notre ère). Pendant une grande partie de la période romaine, les Juifs de la diaspora méditerranéenne ont une vie normale au sein de la population (malgré certains préjugés à leur égard). Leur religion a acquis le statut de  religio licita,  religion autorisée  par  Rome. Parfois, cependant, des révoltes contre Rome secouent les communautés juives (par exemple, en 115-116 : révoltes en Cyrénaïque et Egypte). Ces communautés sont prosélytes et le judaïsme connaît alors un indéniable rayonnement.

-         Vers 425 : suppression par l’Empereur de l’institution du Nassi (Patriarche) en Palestine.

 
La lente élaboration du Talmud

 

-         peu de temps avant la chute du Temple, en 70, Yohanan ben Zaccai fonde à Yabné, avec les Pharisiens, un collège de « Sages » qui s’attachera à maintenir la tradition religieuse juive.

-         de 70 à la fin du 2° siècle, à Yabné, puis dans d’autres centres de Palestine (Lod, Bneï Brak, Tsipori,…), les Tanaïm – ou enseignants – recueillent la Tradition orale juive.

-         vers 200 : rédaction de la Mishna, recueil des règles juridiques (ou Loi, Halakha) issues de la Tradition orale, et de la Tossefta (son complément). C’est de ces textes que va naître le Talmud.

-         du 3° au 5° siècle : époque des Amoraïm – ou interprètes – qui élaborent une autre partie du futur Talmud : la Guemara (commentaire des lois + interprétation de l’Ecriture, ou Haggadah). Parallèlement à toutes ces recherches, d’autres textes s’élaborent en Babylonie.

-         vers 425 : achèvement à Tibériade du Talmud dit « de Jérusalem ».

-          vers 500 : achèvement à Babylone, devenue « capitale du monde juif », du Talmud de Babylone.

 

La séparation progressive entre Juifs et disciples de Jésus

 

-         vers 27 : début de la vie publique de Jésus. Au départ, son enseignement - pas plus que la prédication de Jean-Baptiste – ne sont perçus comme très surprenants,  au milieu des multiples courants de la religion juive à cette époque : pharisiens, esséniens, sadducéens…

-         Vers 30 : mort de Jean-Baptiste. Procès et mort de Jésus.

-         vers 35 : martyre d’Etienne.

-         42 : martyre de Jacques, frère de Jean, sous le règne d’Agrippa I°.

-         48-49 : Assemblée de Jérusalem, présidée par Jacques, « frère de Jésus », chef de la communauté de Jérusalem.  Au cours de ce «1° Concile », après de longs et douloureux débats, il est décidé, à la demande de Paul, de renoncer à la plupart des rites juifs (en particulier celui de la circoncision),  pour ne pas dérouter les païens qui se convertissent.

-         49-62 : voyages de Paul, qui devient l’« apôtre des Gentils », c’est-à-dire des païens. Rédaction de ses épîtres.

-         62 : martyre de Jacques « frère de Jésus », coup très dur porté à la communauté de Jérusalem, celle qui est issue du monde juif.

-         entre 66 et 100 : rédaction des Evangiles de Marc, Luc, Matthieu et Jean, au sein de leurs communautés respectives. En même temps, la tension s’accroît entre Juifs et Chrétiens (chute du Temple, raidissement juif durant la période des « Sages » de Yabné ; incompréhension des Chrétiens devant le refus de Jésus par un grand nombre de Juifs, etc.) L’Eglise de Jérusalem perd de plus en plus son importance au cours des siècles qui suivent.

-         144 : la doctrine de Marcion - pour qui le Dieu de l’Ancien Testament n’était pas le même que celui des chrétiens - est rejetée par la communauté de Rome : elle maintient sa foi en un même Dieu que celui de l’Ancien Testament, et donc son lien avec l’Ancien Testament. Mais la doctrine de Marcion fera pendant longtemps des ravages.

 -   2°-3° siècles : autour des synagogues, rivalité entre le prosélytisme des Juifs de la diaspora et celui des adeptes de la jeune religion chrétienne. Période des Apologistes chrétiens, de culture grecque, qui veulent défendre leur religion et en faire l’éloge, en particulier face aux Juifs. Au 2° siècle, Saint Justin écrit  le « Dialogue avec Tryphon ». Apparition dans certains sermons (chez Méliton de Sardes) de l’expression « peuple qui a tué Dieu» : d’où « peuple déicide » pour désigner le peuple juif. Au 3° siècle, rédaction de plusieurs traités « Adversus Judaeos » (l’un de Tertullien , en particulier).

-         313 : Edit de Milan. Après plusieurs siècles de persécutions, le christianisme est reconnu par l’empereur Constantin comme religio licita. Il peut désormais se pratiquer ouvertement dans l’Empire.

-         325 : Constantin réunit le Concile de Nicée. Il réfute la doctrine d’Arius et définit la foi en la divinité de Jésus, Fils de Dieu, ce qui éloigne encore plus le judaïsme du christianisme. A partir de ce moment, construction d’églises en Palestine (Bethléem, Mont des Oliviers, Saint Sépulcre…)

-         374 : Saint Jérôme rédige sa traduction latine de la Bible, la Vulgate. Il développe le monachisme en Palestine (surtout dans le désert de Judée).

-         379-395 : règne de Théodose I°. Le christianisme devient la religion officielle de l’Empire romain. Malgré la protection des lois, le contexte est désormais difficile pour la minorité juive de l’Empire, à cause de l’hostilité manifestée par certains Chrétiens.

-         4°-5° siècle : grande période des Pères de l’Eglise. Certains d’entre eux, inquiets de voir le judaïsme séduire des Chrétiens, invectivent violemment les Juifs (Jean Chrysostome, en particulier, à la fin du 4° siècle à Antioche). Mais surtout, à travers leurs écrits et leurs sermons, s’élabore à l’égard des Juifs une « théologie » qui va parcourir les siècles. C’est Saint Augustin qui la suggère : l’Eglise est devenue le « Verus Israël », le vrai Israël. Elle s’est substituée aux Juifs dans le plan divin de l’Alliance. Désormais, les Juifs, parce qu’ils n’ont pas reconnu le Christ, doivent être les « témoins malheureux » du triste sort de ceux qui ne croient pas dans la Parole du  Fils de Dieu. Ils ne doivent pas être tués, mais doivent errer sans répit à travers le monde… On peut trouver là la source de cet « enseignement du mépris » (expression de l’historien Jules Isaac) dispensé par les Chrétiens à l’égard des Juifs pendant des siècles.

 

 

II – Les Juifs au Moyen-Age

 

Les Juifs en terre musulmane

 

-         Après la mort de Mahomet (632) : sous les quatre premiers grands califes, puis sous la dynastie des Omeyyades, les Musulmans vont constituer en moins d’un siècle un très grand Empire (Perse, Syrie, Palestine, Egypte, Afrique du Nord, Espagne). De nombreux Juifs de l’Empire byzantin rejoignent les communautés juives en terre musulmane. Celles-ci sont renforcées par leur arrivée et leur rayonnement s’accroît. A Jérusalem, une communauté juive se reconstitue.

-         Fin 7° siècle : construction de la Mosquée d’Omar à Jérusalem. Elaboration du statut de dhimmi. Les conquérants s’assurent la loyauté des diverses minorités religieuses (dont la minorité juive) en leur donnant un statut de protection, mais aussi de soumission. Selon  les périodes, les lieux, les dirigeants,  le sort des dhimmis sera favorable ou défavorable.

-         750 : fondation de Bagdad. Avènement de la dynastie des Abbassides. Le centre du monde musulman se déplace de la Syrie vers l’Irak. Pendant  plusieurs siècles, les Juifs sont en bonne relation avec les califes : le chef de leur communauté, l’exilarque, a un rôle princier à la cour du calife. Les directeurs des grandes académies religieuses de Soura et Pumbedita, les gaonim, sont consultés par des Juifs de tous pays et envoient des responsa qui font autorité. Ils veulent faire connaître les principes et règles talmudiques et les adapter aux situations nouvelles rencontrées à travers tout le monde juif. Ils tentent d’unifier la liturgie et les usages et fixent le calendrier juif. Les commerçants juifs se lancent dans un grand commerce à travers tout l’Empire musulman. On les appelle les Rhadanites (du nom d’un faubourg de Bagdad). A Bagdad, au Caire, à Bassorah, des banquiers juifs amassent des fortunes considérables.

-         8° au 11° siècle : afflux des Juifs de l’Empire musulman vers l’Afrique du Nord et l’Espagne. Grands foyers de culture juive à Kairouan, Tlemcen, Fès : études talmudiques, traités de médecine, d’astronomie,… En Espagne, à partir du 10° siècle, période de l’« Age d’Or »  des relations entre Juifs et Musulmans. Les Juifs exercent toutes les professions. A la cour des califes, certains sont conseillers (ou même vizirs, comme Hasdaï Ibn Chaprout sous Abd er Raman III à Cordoue),  ambassadeurs, émissaires, médecins, trésoriers…. Ils participent à la brillante civilisation musulmane et ont des échanges économiques et intellectuels avec les Musulmans, (ils servent aussi d’intermédiaires entre les Musulmans et le monde chrétien). Essor de leur vie religieuse, artistique, scientifique,... Grands textes de poésie et de littérature (Saalia, Salomon Ibn Gabirol,… Juda Halévi chante son amour pour Jérusalem où il partira et mourra ; certaines de ses prières seront plus tard incluses dans la liturgie juive.)

-         12° siècle : Guerres dynastiques entre Musulmans d’Espagne. Les nouveaux maîtres sont beaucoup moins tolérants (Almoravides, puis Almohades).  Maïmonide (1138-1204), médecin et philosophe quitte l’Espagne pour Fès, puis Fustat (Vieux-Caire). Les Juifs qui s’établissent en Afrique du Nord ou en Orient connaîtront les heurs et malheurs d’un Empire musulman qui commence à décliner (crises graves en Egypte, en Palestine - qui subit l’assaut des Croisés - et en Babylonie où le « gaonat » perd de son importance).

-         A partir du 12° siècle :  la Reconquête s’intensifie au Nord de l’Espagne. beaucoup de Juifs quittent le Sud pour les régions reconquises par les Chrétiens. Les rois les y accueillent volontiers pour leurs compétences dans de multiples domaines (administratif, juridique, financier,…).  Certains Juifs s’installent aussi dans le Sud de la France. Nombreux échanges entre Juifs et Chrétiens. Développement de la Kabbale qui veut revivifier la tradition religieuse et rendre au rite une place éminente. (1280-86 : rédaction du « Zohar », attribué à Moïse de Léon.).

 

Les Juifs en Europe chrétienne jusqu’aux Croisades (fin XI°siècle)

 

-         Fin 5° siècle – 6° siècle : les royaumes barbares s’installent dans différents pays de l’ancien Empire romain d’Occident où de nombreux Juifs étaient implantés de longue date. Les Francs deviennent chrétiens après le baptême de Clovis (v. 496). Les Wisigoths ariens s’installent en Espagne. Court règne des Ostrogoths ariens, en Italie, puis invasion des Lombards, également ariens…Les ariens, à la recherche d’alliés dans l’ex-Empire, sont plus favorables aux Juifs que les Chrétiens appartenant à l’Eglise.

-         590-604 : pontificat de Grégoire-le-Grand. Il écrit à divers évêques 14 lettres concernant les Juifs. Elles vont définir pour des siècles l’attitude de la papauté à leur égard : aucune injustice ne doit être commise envers eux ; il ne faut pas pratiquer les conversions forcées; mais il ne faut pas pour autant favoriser leur sort : « De même qu’on ne doit accorder aux juifs aucune liberté dans leurs communautés au-delà de ce qu’il est licite de tirer de la loi, de même dans ce qui leur est reconnu, ils ne doivent subir aucun préjudice. »

-         613-694 : l’Espagne wisigothique devient chrétienne après la conversion du roi wisigoth Récarède, en 586. Il s’en suit une législation antijuive, inspirée de la théologie d’Isidore de Séville (4° Concile de Tolède, en 633). Début aussi du phénomène des conversions forcées  qui vont être pendant des siècles pratiquées en Espagne. C’est pourquoi beaucoup de Juifs passent pour avoir facilité l’invasion musulmane au siècle suivant.

-         Vers 800 : Charlemagne, puis Louis-le-Pieux, favorisent l’entrée des Juifs dans l’Empire : ils voient en eux d’excellents agents administratifs et économiques pour développer la prospérité de leurs territoires. Ils leur octroient des chartes de protection (à Lyon, par exemple, et dans d’autres grandes villes). Début de l’implantation des communautés juives dans la vallée du Rhin. Certains juifs sont encore agriculteurs à cette époque, mais ils se regroupent de plus en plus en ville, autour des synagogues.

-         10°-11° siècles : Essor et prospérité des communautés juives qui acquièrent une véritable autonomie. Insérés au sein de la société, les Juifs exercent tous les métiers. Ils sont en particulier réputés pour leur science de la médecine. On  trouve  maintenant  des  communautés importantes  non seulement  dans les  pays   de vieille  implantation  juive (Italie, France, Espagne),  mais  aussi en  Allemagne et  un peu plus tard en Angleterre. Les Juifs ont à cette époque un niveau d’instruction bien supérieur à celui des chrétiens. A Troyes, le talmudiste Rachi (1040-1105) commente les textes bibliques et talmudiques (et certains de ses commentaires seront plus tard inclus dans le Talmud). Lui et ses successeurs (les tossafistes, qui apportent des « additions » à l’œuvre de Rachi) se consacrent à un enseignement dont le rayonnement est grand en Champagne et jusqu’à la vallée du Rhin. Dans certaines régions, c’est une époque de convivialité entre Juifs et Chrétiens : dans le Midi de la France, elle durera encore plusieurs siècles. Au 11° siècle (et encore au 12° siècle), des échanges intéressants et fructueux se développent entre intellectuels juifs et chrétiens : les « disputations ». Des théologiens chrétiens apprennent l’hébreu et prennent en compte les commentaires juifs pour leur étude des textes bibliques. Apport chrétien également aux interlocuteurs juifs, comme le note Rachi.

-         entre 1090 et 1095 : L’une de ces « disputations », Discussion entre un Juif et un Chrétien, est  rédigée  par l’abbé de Westminster, disciple de Saint Anselme de Canterbery.

 

De la 1° Croisade à la fin du Moyen-Age (fin XV° siècle)

 

-         1096 : la 1° Croisade se fait dans une ambiance d’hostilité aux Juifs. Exacerbation des sentiments religieux chez les Croisés, mais aussi revanche à prendre sur les emprunts à taux très élevés que les chevaliers ont dû faire à des Juifs pour s’équiper. Des massacres de Juifs et des pillages ont lieu tout au long de la vallée du Rhin et de ses alentours (Metz, Cologne, Mayence, Worms, Trèves), et au-delà (Ratisbonne, Rottenbourg, Prague, Nuremberg) ; et aussi en Normandie (Evreux, Rouen).

-         1147-1149 : Durant la 2° Croisade, de nouveaux déferlements contre les Juifs ont lieu à Blois, en Champagne, à Nuremberg, Worms, Cologne. En prêchant la Croisade, Pierre de Cluny dit : « A quoi bon s’en aller au bout du monde pour combattre les Sarrasins, quand nous laissons demeurer parmi nous d’autres infidèles qui sont mille fois plus coupables envers le Christ que les Mahométans ». Saint Bernard de Clairvaux,  au contraire, se rend dans la vallée du Rhin et tente de protéger les Juifs avec toute son autorité. Il déclare que Dieu tient aux Juifs « comme à la prunelle de ses yeux ».

-         1171 : à Blois, des Juifs sont accusés d’avoir noyé un enfant. Trente sont brûlés. C’est une des premières accusations de « meurtre rituel ».

-         1189-1192 : 3° Croisade, des massacres ont encore lieu, principalement en Angleterre. Dans la ville d’York, les Juifs, réfugiés dans le château fort, se donnent la mort.

-         12° siècle : Pendant qu’en Allemagne, au Nord de la France, ou en Angleterre, les Croisades amènent un profond changement d’attitude à l’égard des Juifs (début des fausses accusations contre eux, expulsions temporaires, mesures restrictives, etc.), les Juifs connaissent encore une situation favorable dans certains pays : royaumes chrétiens d’Espagne, Midi de la France, Comtat Venaissin (appartenant au pape),…Mais en même temps, à cause de l’essor économique apporté par les Croisades et de l’émergence d’une bourgeoisie urbaine importante qui s’organise au sein des guildes et des corporations, les Juifs sont de plus en plus exclus du commerce normal et cantonnés dans le commerce de l’argent que l’Eglise interdit à ses fidèles.

-         13° siècle : dans toute l’Europe Occidentale, le sort des Juifs s’aggrave. Par contre, en Pologne, le roi Boleslav-le-Pieux attire les Juifs pour qu’ils développent son royaume. Il  leur donne une charte de protection en 1264; charte qui sera renouvelée au siècle suivant par Casimir le Grand.

-    1209-1211 : « aliya » (montée à Jérusalem) de 300 rabbins tossafistes.

-         1215 : le 4° Concile de Latran impose le port d’un signe distinctif aux Juifs. Au cours du siècle, différents pays européens vont peu à peu adopter cette mesure.

-         1230 : Croisade des Albigeois et ravage des communautés juives de Provence.

-         1236 : massacres en Angleterre, Anjou, Espagne.

-         1242 : Louis IX, qui a les Juifs « en abomination », fait brûler tous les Talmud à Paris… Aux « disputations » du passé succèdent maintenant de véritables procès religieux contre les Juifs.

-         1269 : Louis IX impose aux Juifs de son royaume le port de la « rouelle ». A partir de l’adolescence, les Juifs doivent désormais porter deux insignes jaunes, l’un sur le dos, l’autre sur la poitrine.

-         1290 : les Juifs sont expulsés d’Angleterre.

-         1298 : grand massacre de Juifs en Allemagne.

-         A partir du 14° siècle : Epidémies, guerres, hérésies,… La société est de plus en plus dominée par des peurs et les Juifs deviennent par moment de véritables boucs émissaires. Des moines exaltés se lancent dans des prêches enflammés contre eux ; certains ( les « Flagellants ») parcourent même plusieurs pays d’Europe en incitant les populations à s’en prendre aux Juifs. Au moment de la Grande Peste de 1348-49, on accuse les Juifs d’avoir « empoisonné les puits », (bien que nombre d’entre eux soient morts de la peste, eux aussi… comme le fait remarquer le pape Clément VI). En Espagne, pour en exclure les conversos (ou nouveaux-chrétiens, ou marranes), la noblesse réclame que les hautes charges de l’administration soient réservées à ceux qui ont la « pureté du sang » (limpieza de sangre). L’Inquisition, prévue au départ contre les hérétiques, s’en prend maintenant aux Juifs qui seraient de « faux convertis », comme les marranes espagnols.

-         1391 : en Espagne, plus de cent communautés sont détruites, 50.000 Juifs sont massacrés, on assiste à des conversions forcées.

-         1394 : en France, après avoir déjà subi deux expulsions temporaires sous Philippe le Bel (1315, 1322), les Juifs sont définitivement expulsés, sous le règne de Charles VI, en pleine Guerre de Cent Ans.

-         1492 : L’Espagne, unifiée par le mariage de Ferdinand d’Aragon et Isabelle la Catholique, se sent une vocation particulière pour l’évangélisation du monde. Pour des motifs d’ordre religieux, les « Rois Très Catholiques », sous l’influence du grand inquisiteur Torquemada, expulsent les Juifs d’Espagne. C’est une grande perte intellectuelle et économique pour leur royaume.

-         1496 : L’expulsion des Juifs du Portugal est décidée.

-         1500-1501 : expulsion des Juifs de Provence. Il ne reste plus désormais de Juifs en Europe que dans différents Etats allemands et italiens, dans le Comtat Venaissin, et en Pologne.

 

 

III – Les Juifs pendant la Renaissance et les « temps modernes »

 

La diaspora des Juifs d’Espagne, ou Séfarades

 

Après 1492 : une certain nombre de Juifs d’Espagne, (environ 50.000), préfèrent se convertir et rester en Espagne, venant grossir le nombre des marranes. Mais les trois-quarts de la communauté (150.000 environ) choisissent le départ dans des circonstances dramatiques : quittant un pays auquel ils étaient profondément attachés, vendant en quelques mois leurs biens immobiliers, n’ayant pas le temps de récupérer leurs créances,…Ils se dirigent vers l’Italie (Rome, Venise, Padoue, Florence, Pise, Livourne, Ferrare…) où ils vont participer à la Renaissance italienne : imprimeries, enseignement de l’hébreu aux chrétiens, écrits littéraires ou philosophiques….Le jeune Empire ottoman les accueille bien, pendant tout un temps, et ils prennent part à son essor. Par la suite, comme ceux des Juifs qui ont été renforcer les communautés juives d’Afrique du Nord, ils subiront le lent déclin des pays musulmans sur le pourtour méditerranéen.

Après 1496 : les Juifs du Portugal préparent leur départ. L’Inquisition veille, et même ceux qui se sont convertis préfèrent finalement partir en exil vers l’Italie, l’Afrique du Nord, la France (Bayonne, Bordeaux, Montpellier, Avignon), ou vers l’Europe du Nord (Pays-Bas espagnols, puis Amsterdam, Londres…)

Dans la 1ère moitié du 16° siècle : un certain nombre de marranes espagnols préfèrent quitter l’Espagne pour les pays d’Amérique nouvellement découverts (Haïti, Mexique,…plus tard Pérou, Vénézuela Colombie, Chili, Argentine…). Malgré les difficultés dues à l’établissement de l’Inquisition (1570), ces communautés connaissent un réel essor jusqu’à la fin du XVII° siècle.

Milieu du 16° siècle, sous l’impulsion de l’Empire ottoman et des Juifs d’Espagne qui y vivent, rayonnement de l’Ecole de Safed, en Palestine, pendant quelques décennies. Un mystique, Isaac Louria, est l’âme de cette école qui donne également naissance à des courants messianiques. Joseph Caro, remarquable kabbaliste, écrit La Table dressée, tableau complet de toute la législation religieuse adaptée à son temps.

1550 : le roi Henri II de France accorde un statut quasi officiel aux marranes venus du Portugal. Ce statut sera renouvelé ensuite par les « Lettres patentes » d’Henri III… Au cours du XVII° siècle, ces communautés se mettent à nouveau à « judaïser », sans être inquiétées.

A partir du milieu du 16° siècle : beaucoup de Juifs portugais vont s’implanter au Brésil. Malgré les menaces dues à l’Inquisition. Ils jouent un rôle très important dans la fondation de ce pays. Au milieu du 17° siècle (1654), certains d’entre eux préfèrent partir pour New-Amsterdam (future New York), où règne plus de liberté.

 

Juifs et chrétiens du XVI° au XVIII° siècle

 

1ère moitié du 16° siècle : les papes de la Renaissance (Léon X, Clément VII, Paul III), cultivés, ouverts, sont favorables aux Juifs et les accueillent à leur cour et dans leurs Etats. Certains cardinaux romains apprennent l’hébreu. A la même époque, Luther apprend à lire l’Ancien Testament avec des commentateurs juifs et manifeste de la sympathie à l’égard des Juifs (1523, De ce que Jésus est né Juif ). Mais lorsqu’il s’aperçoit qu’il ne peut les rallier au christianisme réformé, il devient virulent, intolérant et grossier envers eux. Son attitude laissera des traces profondes en Allemagne. Cependant, à la même époque, les Protestants d’Angleterre ou de Hollande se montrent accueillants à l’égard des Juifs.

2° moitié du 16° siècle : l’Eglise entre dans une période de repli et d’intransigeance due à la perte de sa prépondérance au sein de la chrétienté. En tout premier lieu, la Contre-Réforme est une réponse aux succès de la Réforme, mais indirectement, les Juifs sont atteints par cette réaction de méfiance (« hors de l’Eglise, point de salut »…)

1553 : Jules III fait brûler le Talmud à Rome.

1555-1559 : pontificat de Paul IV. Il établit une véritable Inquisition à l’égard des Juifs et même des marranes. A Ancône, 24 d’entre eux sont brûlés sur un bûcher. Il fait rétablir toute la législation répressive du Moyen-Age tombée en désuétude (bulle Cum nimis absurdum). A l’imitation de Venise, un ghetto est créé à Rome. Des jeux humiliants pour les Juifs sont instaurés pendant le carnaval (ils dureront jusqu’en 1688)

1555-1563 : Le Concile de Trente est orienté vers la réaffirmation de la foi catholique par rapport à la religion réformée. Il n’aborde pas directement les questions théologiques concernant les Juifs et leur relation au christianisme. Par contre, en précisant que la responsabilité de la Passion du Christ est plus due aux péchés des Chrétiens tout au long des siècles qu’à l’attitude des Juifs à l’époque de Jésus, le Concile réfute implicitement la notion de « peuple déicide ». C’est un jalon important pour l’avenir, mais qui passe quasiment inaperçu pendant plusieurs siècles encore.

1592 : Clément VI fait publier une série d’ordonnances pour cantonner les Juifs dans certaines villes des Etats-Pontificaux..

A partir du 17° siècle : certains ordres religieux donnent plus d’importance qu’auparavant aux études bibliques. En France, les Oratoriens s’y adonnent, les recommandent au clergé et fréquentent des Juifs érudits. Mais la théologie d’un Bossuet - qui représente avec autorité l’Eglise officielle - demeure marquée d’un profond antijudaïsme dont on  retrouve encore la trace au XVIII° siècle dans le catéchisme très connu de l’abbé Fleury (1766), et au XIX° siècle dans celui de l’abbé Feller (1825), même si leurs termes sont beaucoup plus mesurés que ceux de Bossuet. Durant toute cette époque, la papauté ne varie guère dans une attitude autoritaire et fermée à l’égard des Juifs.

 

Les Ashkenazes, ou Juifs d’Europe centrale, du XVI° au XVIII° siècle

 

16° siècle : au coeur du Saint Empire germanique où la vie n’est pourtant pas facile pour les Juifs,  rayonnement de la communauté juive de Prague. Construction d’une grande et belle  synagogue, personnalités remarquables (le mécène Mardochée Meisel - le rabbin Löw, appelé Maharal de Prague – le talmudiste Lippman Heller…)

Au 16° siècle et jusqu’en 1648 : « Age d’or » et grande prospérité des Juifs en Pologne. Ils créent un « Etat dans l’Etat », ayant une large autonomie et même un véritable Parlement juif : le Conseil des quatre pays ou Vaad. La Pologne devient un grand foyer de culture talmudique, (talmudistes remarquables : Moïse Isserles, Salomon Louria…)

A partir de la seconde moitié du  16° siècle jusqu’à la fin du 18° siècle : le phénomène du ghetto s’institutionnalise non seulement dans certaines villes italiennes, mais surtout en Allemagne et plus tard en Pologne. Dans ces quartiers clos de murs, fermés le soir, souvent surpeuplés, la plupart des Juifs mènent une vie très restreinte tant au plan professionnel que dans leurs rapports au reste de la société. Seuls les « Juifs de Cour » échappent au ghetto, mais eux-mêmes ne sont pas à l’abri des injustices des princes.

17°-18° siècles : par la Paix de Nimègue (1678) l’Alsace devient territoire français. Un siècle plus tard, Louis XV, qui ne possédait que les évêchés de Metz, Toul et Verdun, hérite du reste de la Lorraine à la mort de son beau-père Stanislas Leszczinski. Désormais, une importante communauté juive réside à l’Est du royaume de France.

17°-18° siècles : les croyances en la venue du Messie - développées au 16° siècle par des kabbalistes tels que Salomon Molkho - et la désespérance de la vie en ghetto, entraînent chez les Juifs d’Europe une espérance disproportionnée envers de « faux messies ». Un Juif de Smyrne, Sabbataï Zevi se proclame publiquement le messie en 1656. Mis en prison par le sultan, son abjuration cause un grand désarroi dans la communauté juive à travers l’Europe entière. Jacob Frank (1720-1791) se prétendra la réincarnation de Zevi et trouvera encore des adeptes naïfs, malgré sa vie dissolue…

A partir de 1648: durant dix ans, la Pologne est envahie par les Cosaques, puis par les Russes, puis par les Suédois. 100.000 Juifs environ sont victimes de ces conflits. En même temps, la Contre-Réforme entraîne ce pays très catholique vers un profond antijudaïsme. Au 18° siècle : révoltes de bandes paysannes incontrôlées, les Haïdamaks. Les communautés juives sortent brisées moralement et ruinées matériellement par leurs ravages. Crise spirituelle. Suppression du Vaad (1764). Partages de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l’Autriche (1772-1795). Les Juifs se retrouvent dispersés entre ces trois pays.

Milieu du 18° siècle : naissance en Pologne d’un courant du judaïsme, le hassidisme, sous l’influence du Baal Shem Tov, ou Besht (1700-1760). Ce courant religieux remporte un grand succès. Il s’adresse surtout aux gens simples et a pour base : « la Tora, source de joie » ; ce qui s’exprime par une ferveur joyeuse (danses, chants, prières ardentes…) et par l’accomplissement enthousiaste des commandements divins. Sous diverses formes, ce courant religieux existe encore à l’heure actuelle. Dès le départ, le hassidisme se heurte à l’hostilité d’un érudit, le « Gaon de Vilna » (1720-1797), prônant l’étude intensive et une haute exigence morale. Intenses disputes entre son courant (les mitnagedim) et celui des hassidim.

 

L’émancipation des Juifs de France

 

Fin 17° et 18° siècle : on voit apparaître chez certains philosophes français (Bayle, Montesquieu,…) la notion de tolérance. Pour eux, les défauts que l’on reproche aux Juifs sont dus à l’oppression dont on les fait souffrir. Il faut les traiter en égaux.

Milieu du 18° siècle : en Allemagne, un remarquable philosophe et érudit juif, Moïse Mendelssohn (1729-1786) cherche à adapter l’esprit des « Lumières » au monde juif . En même temps, avec des amis chrétiens (Lessing, Lavater,…), il fait connaître le sort misérable de beaucoup de Juifs d’Allemagne et d’Alsace-Lorraine. Sa rencontre avec un notable juif de Strasbourg, Cerf Berr, aura une influence très positive sur la « question juive » en France.

1784 : Louis XVI supprime le « péage corporel » que doivent payer les Juifs d’Alsace et confie à Malesherbes le soin d’établir un statut de tolérance pour les Juifs de son royaume, comme il vient de le faire pour les Protestants. Malesherbes rencontre les représentants de communautés juives  très différentes : les « Portugais » du Sud-Ouest et les « Alsaciens ».

1787 : Mirabeau publie un essai sur Moses Mendelssohn et la réforme politique des Juifs.

1788-89 : l’abbé Grégoire, curé d’Embermesnil en Lorraine, gagne le concours de la Société des Sciences et Arts de la ville de Metz sur le thème « Est-il un moyen de rendre les Juifs plus heureux et plus utiles en France ? », avec son Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.

 1789-1791 : à la suite de la Déclaration des Droits de l’Homme, l’Assemblée Constituante débat du sort des Juifs en France. Des députés aussi différents que le comte de Castellane, l’abbé Grégoire, Mirabeau, Robespierre, Duport et Barnave, le comte de Clermont-Tonnerre, … luttent en faveur de leur émancipation. A la veille de se séparer, le 27 septembre 1791, la Constituante accepte la proposition de Duport : désormais les Juifs ont un statut et des droits de citoyens actifs, égaux aux autres français.

1806-1808 :  Napoléon réunit les représentants de la communauté juive et ressuscite même un moment l’ancien Grand Sanhédrin pour définir avec eux les neuf points d’une « règle d’or » leur permettant de vivre pleinement en citoyens dans la société française. Il réglemente aussi le culte juif au sein de cadres hiérarchiques (rabbins, grands rabbins, consistoires départementaux, consistoire central).

 

 

IV – Les Juifs au XIX° siècle

 

Les Juifs en France

 

Au cours du 19° siècle : à la suite de leur émancipation, les Juifs s’intègrent avec bonheur dans la société française Ils deviennent de vrais patriotes, désireux d’être utiles à leur pays. Amélioration de leurs conditions de vie. Attrait des grandes villes. Participation à la vie intellectuelle, artistique, économique, de leur époque. Grande solidarité avec les Juifs de pays moins favorisés. Après 1870, ils deviennent des « fous de la République » et entrent dans la fonction publique ou s’engagent en politique. En même temps, l’intégration entraîne pour beaucoup d’entre eux l’assimilation à la société ambiante : nombreuses conversions au christianisme; et pour d’autres, abandon de la pratique religieuse et laïcisation.

1860 : création de l’Alliance Israélite Universelle, sous l’impulsion de grands philanthropes juifs (Adolphe Crémieux, Salomon Munk, Moses Montefiore…),  pour venir au secours des Juifs à travers le monde. L’Alliance aide les Juifs qui veulent s’implanter en Palestine ou en Argentine. Elle intervient aussi dans diverses affaires difficiles pour tenter de défendre des Juifs (affaire Mortara en Italie (1856), à propos d’un enfant juif baptisé. Malgré une intervention auprès du pape Pie IX, il ne sera jamais rendu à ses parents…).

1870 : Décret Crémieux. Les Juifs d’Algérie reçoivent la citoyenneté française.

1880-90 : première grande vague d’immigration des Juifs d’Europe orientale (Russie, Roumanie,…) qui s’installent dans des quartiers populaires de Paris (Belleville, le Marais,…) Ils y exercent de petits métiers et sont souvent gagnés aux idées socialistes qui parcourent l’Europe de l’Est.

Dans le dernier tiers du siècle : le désastre de la guerre de 70 entraîne l’exacerbation du nationalisme français et rend suspects de trahison tous ceux qui ont des liens avec l’étranger, ce qui est le cas de nombreux Juifs. Par ailleurs, les théories pseudo-scientifiques de classification des races -  races supérieures ou inférieures - ont de plus en plus de retentissement en Europe (en 1899, H.S. Chamberlain publie Les Fondements du XIX°siècle.) Ces théories gagnent la France. En 1886, Edouard Drumont publie un livre profondément antisémite La France juive, puis fonde en 1892 un journal non moins antisémite La Libre Parole ; La Croix (lancée en 1883) distille chaque jour à ses lecteurs tous les vieux thèmes de l’antijudaïsme chrétien. Les scandales de la République, en particulier l’affaire du canal de Panama (1891-93), sont attribués aux Juifs par beaucoup de Français. Un climat d’ « antisémitisme » s’installe. (en 1879, en Allemagne, une crise économique avait été attribuée aux Juifs par l’opinion ; c’est à cette occasion que le journaliste Wilhelm Märr avait inventé ce terme d’« antisémitisme »).

1894 : Bernard Lazare publie L’Antisémitisme, son histoire et ses causes. début de l’Affaire Dreyfus : le capitaine Dreyfus est accusé de trahison. Quelques personnes seulement doutent de sa culpabilité.

1895 : Dreyfus est dégradé dans la cour des Invalides, puis envoyé au bagne à l’île du Diable. La foule le hue et crie « Mort aux Juifs ! ». Théodore Herzl, journaliste autrichien qui assiste à la scène, prend conscience de la nécessité de trouver une terre qui appartiendrait au peuple juif. Il publie L’Etat juif en 1896.

Après 1896 : grâce au courage du colonel Picquart qui dénonce à ses supérieurs le vrai coupable, et grâce à l’article d’Emile Zola dans l’Aurore (« J’accuse », 13 janvier 1898) le procès finit par être rouvert. Après de multiples péripéties, Dreyfus est réhabilité… en 1906 seulement. L’Affaire a divisé la France : renforçant l’antisémitisme de certains (fondation de l’Action Française de Charles Maurras en 1899) ; suscitant un courant philosémite (Charles Péguy et ses amis des Cahiers de la Quinzaine, créés en 1900).

1905 : une nouvelle vague d’immigration juive gagne la France après les grands pogroms et la révolution manquée en Russie. Le nombre de Juifs en France s’élève à cette époque à 120.000, dont 40.000 étrangers qui vont vite devenir, eux aussi, des patriotes convaincus des vertus de la République.

                                                               

L’émancipation des Juifs d’Europe

 

1781 : Joseph II instaure en Autriche un édit de tolérance qui servira de modèle pendant plusieurs décennies en Russie et Pologne.

A partir de la fin du 18° siècle : les armées de la Révolution et de l’Empire propagent à travers l’Europe les idées d’émancipation . Les soldats abattent les portes des ghettos en Italie et en Allemagne. Dans certains pays, ces idées vont être un moment freinées par la chute de Napoléon et la « Sainte Alliance » instaurée par Metternich. Mais elles se feront jour à nouveau au moment des Révolutions de 1848.

1796 : L’Assemblée nationale de la République batave accorde l’égalité des droits aux Juifs des Pays-Bas. Ce pays ne reviendra jamais sur cette décision.

1809-1812 : émancipation pour un temps des Juifs de Bade et de ceux de Prusse.

1814 : les Juifs du Danemark ont le droit d’exercer toutes les professions. L’émancipation aura lieu en 1849.

1848 : Démolition des murs du ghetto de Rome. En Allemagne, L’Assemblée nationale proclame l’émancipation.

1849-1867 : marche vers l’émancipation des Juifs de l’Empire d’Autriche.

1858 : en Angleterre, Lionel de Rothschild est le 1° député à siéger aux Communes. Début de l’émancipation. (Disraëli deviendra Premier ministre en 1874).
1865 : droit de vote des Juifs de Suède.

1871 : émancipation des Juifs de Bavière.

1874 : émancipation des Juifs de Suisse.

 

Le cas de la Russie

 

1772-1795 : Partages de la Pologne. La Russie a maintenant une importante population juive.

1791 : Catherine II décrète une « zone de résidence » à l’Ouest de la Russie pour les Juifs.

1804 : Alexandre I° veut « russifier » la communauté juive. Nouvelle constitution des Juifs de Russie qui leur donne accès au système russe d’enseignement.

1825-1855 : règne de Nicolas I°. Surveillance très grande de la population juive et volonté de la russifier à laquelle les Juifs opposent une résistance acharnée. Service militaire de plus de 25 ans. Les enfants doivent faire une préparation paramilitaire.

1856-1863: réformes engagées par Alexandre II en faveur des Juifs. Parution de publications en yiddish ; accès à de nouveaux métiers. Mais la révolte polonaise de 1863 interrompt ces réformes jusqu’à l’assassinat du tsar en 1881.

Pendant tout le dernier tiers du 19° siècle : multiplication des pogroms à Odessa (1871 et 1881) ; à Varsovie (1881) ; à Balta (1882) ; à Kichinev (1903) ; à Byalystok (1906)… En même temps, des restrictions de plus en plus sévères sont imposées aux Juifs en matière d’enseignement et de vie professionnelle ou économique. Les Juifs émigrent vers l’Europe occidentale ou les Etats-Unis. Certains d’entre eux rêvent d’un Etat juif et commencent à partir en Palestine.

1897 : fondation du Bund, parti autonomiste juif, première organisation ouvrière socialiste russe. De nombreux Juifs s’engagent dans le mouvement révolutionnaire socialiste.

1903 : Parution des Protocoles des Sages de Sion , un faux grossier rédigé par la police du tsar pour déconsidérer les Juifs et laisser penser qu’ils veulent dominer le monde entier. Il se répand à travers l’Europe dans les années qui suivent.

 

L’émigration vers le Nouveau Monde au 19° siècle

 

Dernier tiers du 18° siècle : sous l’influence des écrits du philosophe Locke, les premiers textes constitutionnels américains donnent très vite aux Juifs les mêmes droits qu’aux autres citoyens américains. Les Juifs sont encore très peu nombreux aux Etats-Unis (2.000 environ).

1° moitié du 19° siècle : des Juifs s’installent dans la région des Grands Lacs, de l’Ohio (Cincinnati),  du Mississipi et sur la côte Atlantique (New-York).

1834 : début de la grande immigration allemande. Les Juifs s’installent à Cleveland, Chicago…

1843 : création d’une association de solidarité, le B’nai B’rith. Beaucoup de Juifs exercent encore de petits métiers (marchands ambulants, travailleurs en atelier,…)

1854 : Isaac Mayer Wise crée à Cincinnati le Mouvement réformé du judaïsme américain.

A partir de 1865 : début de la prospérité des communautés juives américaines. Mais beaucoup de Juifs sont encore ouvriers.

1873-1889 : création par les Réformés, de l’Union des synagogues, d’un collège de formation rabbinique, d’une organisation des Rabbis.

1887 : fondation à New-York du Jewish Theological Seminary of America par le judaïsme « conservateur ».

A partir de la fin du 19° siècle : énorme immigration de Juifs d’Europe orientale et centrale (1.243.000 de Russie et Pologne ; 103.000 de Roumanie ; 260.000 d’Autriche-Hongrie.). Les Juifs sont désormais plus de 4 millions aux Etats-Unis. A la même époque, l’Argentine accueille elle aussi de nombreux immigrés.

 

Le Sionisme et l’implantation en Palestine

 

Dans le courant du 19° siècle : développement d’un courant de retour vers Sion. Création du mouvement des « Amants de Sion ».

1882 : Léon Pinsker publie en Russie le pamphlet Autoémancipation qui appelle les Juifs à prendre en main leur destin. Création d’un mouvement, le Khibat Zion.

1881-1903 : 1° grande vague d’émigration de Juifs russes vers la Palestine. Création de Rishon le-Zion (1882) et d’autres localités. Création du « Fonds national juif » (1901). Les Juifs deviennent agriculteurs sur les terres qu’ils achètent aux Arabes. D’autres sont ouvriers et créent des partis ouvriers.

1897 : Théodore Herzl fonde le mouvement sioniste au 1° Congrès de Bâle.

1890-1913 : les autorités ottomanes imposent des restrictions à l’immigration juive en Palestine.

Janvier 1904 : entrevue entre Herzl et Pie X. Herzl demande son soutien au pape pour la création  d’un Etat juif. Pie X répond : « Non possumus »…

1903-1905 : première grande crise du sionisme. Les Anglais proposent le « plan Ouganda » pour la création d’un Etat juif. Herzl veut accepter. Mais après sa mort en 1904, le projet est rejeté par les sionistes.

1904-1914 : 2° grande vague d’émigration juive de Russie en Palestine. Début des kibboutzim, ou « regroupements » en communes agricoles.

1913 : début de l’organisation féminine juive américaine Hadassa en Palestine.

 

 

V – Les Juifs au XX° siècle

 

Les Juifs et la 1ère guerre mondiale

 

Durant la guerre : les Juifs se retrouvent mobilisés dans les deux camps ennemis. En France, grande solidarité entre tous les combattants; 55.000 Juifs participent au conflit avec patriotisme, 9500 sont tués.

1916 : les accords Sykes-Picot partagent l’Empire ottoman au Proche-Orient en zones d’influence anglaise, française et russe. En même temps, les Anglais font des promesses inconsidérées au chérif de la Mecque, lui promettant un grand Empire arabe…

2 novembre 1917 : la Déclaration Balfour reconnaît au nom du Gouvernement anglais le droit du peuple juif à un « foyer national » en Palestine.

7-9 novembre 1917 : Révolution d’octobre en Russie. Lénine accorde aux Juifs l’égalité des droits avec les autres citoyens. En Ukraine, les armées des « Blancs » continuent les pogroms, nombreux massacres (100.000 morts).

 

La montée de l’antisémitisme en Europe entre les deux guerres mondiales

 

1918-1920 : au lendemain de la défaite, en Allemagne, l’action des leaders socialistes ou communistes dont certains sont juifs (Rosa Luxemburg, Max Hirsch, Kurt Eisner),  fait craindre que le pays ne bascule dans la révolution. Le parti populaire national-allemand accuse les Juifs d’être responsables de la défaite.

1918 : création de l’Etat polonais qui comprend 3 millions de Juifs. Pogroms. Ambiance très nationaliste : « La Pologne aux Polonais ! ». Même ambiance en Roumanie.

1925 : Hitler écrit Mein Kampf

1925-1935 : épanouissement de la culture yiddish en URSS. Beaucoup de jeunes Juifs adhèrent aux idées communistes.

A partir de 1933 : Hitler chancelier du Reich. La vie devient intolérable pour les Juifs d’Allemagne. Création du 1° camp de concentration à Dachau.

1935 : lois raciales de Nuremberg.

1936 : en France, Léon Blum est le premier Président du Conseil à être juif. Son arrivée est conspuée par une grande partie de l’opinion.

1937 : création du camp de Buchenwald. « Aryanisation » des biens juifs en Allemagne.

1938 : les Juifs roumains sont privés de leur citoyenneté (janvier). Après l’Anschluss, les 135.000 Juifs autrichiens sont soumis à la législation nazie (mars). « Nuit de Cristal » en Allemagne et en Autriche : une centaine de Juifs sont tués, des centaines de synagogues sont détruites et les commerces sont pillés (novembre).

1939 : législations antijuives en Italie, Slovaquie, Hongrie, et en Tchécoslovaquie devenue protectorat allemand..

Entre les deux guerres mondiales : la France accueille plus de 100.000 Juifs de Pologne, Allemagne, Autriche, Tchécoslovaquie… D’abord bien reçus au lendemain de la guerre pour travailler à la reconstruction du pays, leur présence est mal vue à partir de la crise économique des années 30. En 1939, tous les derniers arrivants sont encore dans des camps de transit, proies faciles pour être envoyés par la suite dans les camps de la mort.

 

La Shoa

 

septembre 1939 : invasion de la Pologne. Heydrich ordonne la concentration des Juifs dans des ghettos.

Octobre 1939 : déportation des Juifs de Vienne et de Tchécoslovaquie en Pologne.

Avril 1940 : création du camp d’Auschwitz.

Octobre 1940 : en France, 1° statut des Juifs de Vichy.

Novembre 1940 : verrouillage du ghetto de Varsovie. 130.000 Juifs polonais y seront déportés en janvier 1941.

Dans les 1° mois de 1941 : massacres de Juifs en Roumanie. Juifs hollandais déportés à Buchenwald. Juifs de Saxe massacrés par les Einsatzgruppen.

Juin 1941 : création d’un camp d’extermination par gaz à Auschwitz. L’Allemagne attaque l’URSS : massacre de nombreux Juifs lors de l’entrée des Allemands en URSS. En France, 2° statut des Juifs de Vichy et port de l’étoile jaune en France occupée.

De Juillet à décembre 1941 : création des camps de Majdanek, Belzek, Theresienstadt, Auschwitz-Birkenau II, Chelmno… Déportation des Juifs du Reich vers les ghettos de Kovno, Lodz, Minsk, Riga.

20 janvier 1942 : conférence de Wannsee (Berlin). Hitler décide la « Solution finale ».

Mars 1942 : construction du camp d’extermination de Sobibor. 1° convoi français vers Auschwitz.

1° juin : Treblinka devient camp d’extermination.

16 juillet 1942 : rafle du Vel’d’Hiv en France, la première des rafles de l’été 42. Aux Etats-Unis, début des manifestations juives pour que Roosevelt organise le sauvetage des Juifs d'Europe ; mais il refuse, voulant, avant toute autre opération, la victoire sur l’Allemagne.

De juillet à octobre 1942 : déportation des Juifs de Varsovie à Treblinka ; des Juifs croates, hollandais, italiens vers différents camps.

Novembre 1942 : suppression de la « Zone libre » en France.

Janvier 1943 : 1° révolte du ghetto de Varsovie. Création de la Milice par Vichy.

Mars 1943 : premier convoi de Juifs de Salonique à Auschwitz.

Avril 1943 : nouveau soulèvement du ghetto de Varsovie.

Juillet à novembre : liquidation des ghettos dans les territoires de l’Est ; liquidation de Juifs dans les camps polonais.

15 mai 1944 : premiers convois de Juifs hongrois à Auschwitz. Les Juifs de Budapest seront envoyés dans les camps de la mort à la fin de l’année.

Janvier 1945 : les SS évacuent Auschwitz qui est libéré par les Soviétiques.

Avril 1945 : « marche de la mort » des prisonniers de Dachau à Buchenwald. Libération de Buchenwald et Dachau par les Américains. Libération de Bergen Belsen par les Britanniques.

Mai 1945 : Libération de Mathausen et Theresienstadt… Capitulation de l’Allemagne.

Novembre 1945 : début du procès de Nuremberg qui se terminera en octobre 1946.

 

La création de l’Etat d’Israël

 

1917-1939 : après la Déclaration Balfour, nouvelles vagues d’ aliyas  des Juifs d’Europe de l’Est vers Israël. Staline est hostile à ces départs, freinés dès 1925 et interdits à partir de 1936. Autres aliyas, surtout en provenance des Etats-Unis. Les Juifs passent de 85.000 à 476.000 en Palestine pendant cette période. Ils achètent des terres, et ont une autonomie interne (Organisation sioniste, Agence Juive). Les deux principaux leaders de leur organisme politique, le Ychouv, sont Chaïm Weitzmann et David Ben Gourion. La plupart sont des Ashkenazes, socialistes et laïcs. En même temps, tout un courant religieux s’oppose à la future création d’un Etat (ils craignent pour cet Etat l’absence d’une dimension spirituelle ; ils demandent le respect de la présence des Arabes palestiniens.).

Janvier 1919 : Accords entre Chaïm Weitzmann (futur 1° président de l’Etat d’Israël) et l’émir Fayçal (futur roi d’Irak), prévoyant des relations diplomatiques entre « l’Etat arabe et la Palestine ». Mais l’Angleterre, qui a désormais un mandat sur la Palestine, ne tient pas ses promesses de création d’un Etat arabe. Le ressentiment des Arabes se retournent alors contre les colonies juives de Palestine. Nombreuses émeutes.

1921 : naissance de la Haganah ; elle rassemble tous les groupes juifs de défense armée.

1925 : création de l’Université hébraïque de Jérusalem.

1936-1939 : révoltes de plus en plus fréquentes des Arabes contre les Juifs et les Anglais. Durcissement des Anglais à l’égard de la présence juive en Palestine. Ils veulent limiter l’immigration juive, imposer des quotas, et prévoient un plan de partage de la Palestine (1/4 aux Juifs, 2/3 aux Arabes. 1 enclave comprenant Jérusalem sous contrôle britannique). Jabotinski crée l’Irgoun, organisme de résistance et de représailles contre les Anglais et les Arabes. En 1940, naîtra un autre groupe armé, le groupe Stern de Begin.

Durant la Seconde Guerre mondiale : les Juifs de Palestine se mobilisent contre les nazis et constituent une « brigade juive ».  Le grand mufti de Jérusalem, Al-Husseini, lui, prend le parti de l’Allemagne nazie.

Janvier 1944 : l’Irgoun déclare la guerre à l’Empire britannique en vue de créer un Etat juif indépendant. On entre alors dans un cycle de répression britannique et de représailles juives. 1945 : après la Shoa, grande vague d’immigration : 100.000 rescapés des camps. Les Anglais tentent de maintenir des quotas (affaire de l’Exodus en 1947, bateau chargé de 4.500 rescapés qui est refoulé de Palestine. Indignation à travers le monde.).

1946 : Attentats et pendaisons tout au long de l’année. A Jérusalem, Begin fait sauter l’hôtel « King David », où est installé l’Etat-Major anglais. Ben Gourion se sépare de lui définitivement. Les Anglais décident de se retirer au plus vite du guêpier palestinien.

1947 : l’Angleterre confie à l’ONU le soin de trouver une solution diplomatique. Le 29 novembre, par 33 voix contre 13, l’Assemblée Générale de l’ONU fait voter un plan de partage (55% de la Palestine aux Juifs ; départ des Anglais avant le 1° août 1948). Soulèvement immédiat des Arabes. En six mois, 1200 Juifs sont tués.

14 mai 1948 : Ben Gourion proclame la naissance de l’Etat juif indépendant, Israël.

15 mai 1948 : les armées de six pays arabes (Egypte, Liban, Jordanie, Irak, Arabie Saoudite et Syrie) envahissent le territoire israélien. La guerre est gagné par Israël en 1949.

Depuis 1948 : la question de la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens n’a jamais été réglée. Le pays a connu trois autres guerres : la guerre des Six Jours (1967) – la guerre de Kippour (1973), la guerre du Liban (1982) et deux  intifadas  (« soulèvements »), la première de la fin 1987 à 1993 et l’intifada al Aqsa depuis 2000… Malgré les efforts de paix : Camp David I (1979) – Conférence de Madrid (1991-92) – Accords d’Oslo et de Washington (1993) – Camp David II et Charm-el-Cheik (1999-2000), aucune solution n’a encore été trouvée au conflit israélo-arabe.

 

La population juive dans le monde depuis la Seconde guerre mondiale.

 

Au lendemain de la Shoa : environ 6 millions de Juifs (sur une population mondiale de 16,5 millions avant-guerre) ont disparu dans les camps de la mort. Avant la guerre, les Juifs d’Europe représentaient 56% de la population juive mondiale, ils ne sont plus que 16% en 1945 : principalement en URSS (3,5 millions), et en Europe occidentale (moins d’un million). La civilisation juive d’Europe centrale, dite civilisation du Shtetl, n’existe plus. Beaucoup de Juifs d’Europe émigrent aux Etats-Unis qui – après avoir eu une politique de quotas durant trente ans – les accueillent largement à partir de 1945. 100.000 rescapés de la Shoa partent pour la Palestine.

Après la création de l’Etat d’Israël : afflux de Juifs vers Israël. En 1954 est votée la « Loi du Retour » pour tout Juif voulant s’installer en Israël. 600.000 Juifs des pays arabes font leur aliya. Après la guerre des Six Jours, très impopulaire dans les pays communistes, aliya de Juifs de Pologne, Hongrie, Roumanie… Emigration des Juifs d’Ethiopie dans les années 70. Enfin, après la Chute du Mur (1989), très grande aliya  de Juifs d’URSS (1,5 million environ). La population d’Israël (6,7 millions actuellement), est entièrement issue depuis un siècle de la Diaspora. C’est une véritable mosaïque aux multiples langues, opinions politiques, manières de vivre… :  Ashkenazes et Séfarades, laïcs et religieux de tendances différentes, … sans compter les Arabes israéliens dont la position reste difficile et ambiguë entre Israël et Palestine.

Depuis l’indépendance du Maghreb : la France a vu s’accroître sa population juive : arrivée de Juifs de Tunisie et du Maroc (70.000 environ), mais surtout d’Algérie (130.000), où les Juifs étaient citoyens français depuis 1870. La population juive française est actuellement de 6 à 700.000 personnes. C’est une communauté prospère dans sa grande majorité, mais en but depuis quelques années à de graves incidents liés d’une part au discours du Front National et d’autre part au conflit israélo-palestinien, dans un pays où vivent de nombreux Arabes. En 2003, l’aliya en Israël a été plus importante qu’à l’ordinaire (plus de 2000 départs).

Depuis la Chute du Mur, beaucoup de Juifs d’URSS ont gagné les Etats-Unis (population actuelle de près de 6 millions de Juifs). Une petite partie des Juifs d’URSS s’est installée en Allemagne (70.000 environ).

 

Juifs et Chrétiens au XX° siècle

 

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale : la grande majorité des Catholiques français ajoute à l’antisémitisme ambiant un véritable antijudaïsme chrétien. La Croix se vante d’être le journal le plus « antijuif » de France… Charles Maurras et la très antisémite Action Française ont beaucoup de succès dans les milieux traditionnels. Depuis l’Affaire Dreyfus cependant, un courant de philosémitisme est né (Charles Péguy, le P. Pierre Charles, plus tard Jacques Maritain, le P. Joseph Bonsirven, Oscar de Ferenzy, …). Mais – comme dans les Eglises allemandes à la même époque – cette attitude philosémite reste le fait de personnalités isolées.

1928 : Pie XI fait paraître un décret « condamnant souverainement » la haine contre le peuple autrefois choisi par Dieu. La même année, il condamne l’Action Française .

1937 : encyclique Mit brennender Sorge. Pie XI condamne la théorie de la « race supérieure ». En France, plus on se rapproche de la guerre et plus la minorité philosémite (avec déjà parmi elle Mgr Saliège) organisent des meetings à Paris et en province pour lutter contre l’antisémitisme ambiant.

1938 : s’adressant à un groupe de pèlerins belges, Pie XI déclare : « spirituellement nous sommes des sémites ».

Durant la Seconde Guerre mondiale : les réactions des Chrétiens sont très diverses. Chez beaucoup : indifférence au sort des Juifs. Par contre, parmi les trop rares « Justes » qui sauveront des Juifs, il y aura beaucoup de Chrétiens, protestants ou catholiques. En France, il faut noter le rôle de certains théologiens et exégètes (les P.P. Fessard, de Lubac, de Montcheuil, Chaine, Richard,…) et aussi le rôle considérable des Cahiers du Témoignage chrétien qui éveillent les consciences.

1942 : après les rafles de l’été, protestation de cinq archevêques et évêques du Sud de la France : Mgr Saliège (Toulouse), Mgr Théas (Montauban), le cardinal Gerlier (Lyon), Mgr Moussaron (Albi), Mgr Delay (Marseille).

Noël 1942 : le message de Pie XII à la radio proteste contre le fait que des milliers de personnes « sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur origine, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive ». Mais sa voix paraît bien faible, et son « silence » durant la guerre - jugé « assourdissant » par certains, « accablant » par d’autres - lui sera beaucoup reproché.

30 juillet-5 août 1947 : conférence internationale extraordinaire à Seelisberg, (Suisse) entre Juifs et Chrétiens. Rôle très important des Protestants (qui depuis lors ont fait paraître de nombreux textes au cours de leurs synodes). Rôle très important aussi de Jules Isaac qui venait de dénoncer dans son livre Jésus et Israël la responsabilité des chrétiens dans la Shoa, à cause de leur «enseignement du mépris » à l’égard des Juifs. Les Dix points de Seelisberg suggèrent des modifications à apporter à l’enseignement chrétien. Ce texte influencera plusieurs pères conciliaires par la suite.

1948 : fondation de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France.

1959 : Jean XXIII fait supprimer les termes perfidiam et perfidis de la prière du Vendredi Saint.

13 juin 1960 : Jean XXIII reçoit Jules Isaac et donne son accord sur la préparation d’un texte concernant les Juifs pendant le Concile Vatican II.. La préparation de ce texte est confiée au cardinal Bea.

28 octobre 1965 : Après de multiples remaniements au cours du Concile, parution de la « Déclaration sur l’attitude de l’Eglise à l’égard des religions non-chrétiennes » (Nostra Aetate).

16 avril 1973 : « L’attitude des chrétiens à l’égard du judaïsme », texte de la Conférence épiscopale française.

1° Décembre 1974 : « Tourner un nouveau regard vers les juifs et le judaïsme », texte de la Commission pontificale pour les relations religieuses avec le judaïsme.

17 novembre 1980 : Jean-Paul II parle devant la communauté juive de Mayence de « l’Ancienne Alliance que Dieu n’a jamais dénoncée ».

24 juin 1985 : « Catholiques et Juifs : un nouveau regard », notes de la Commission pontificale pour les relations religieuses avec le judaïsme.

13 avril 1986 : visite de Jean-Paul II à la synagogue de Rome.

1986-87 : Affaire du Carmel d’Auschwitz. Les Juifs contestent son installation aux abords du camp. Elle se termine par l’Accord de Genève II entre Juifs et Catholiques.

20 octobre 1988 : « Assumer le poids de l’histoire » , document de l’épiscopat allemand pour le 50° anniversaire de la Nuit de Cristal.

20 janvier 1991 : « L’Eglise est enracinée dans le peuple juif », déclaration de l’Assemblée plénière de l’épiscopat polonais.

30 décembre 1993 : Accord fondamental entre le Saint-Siège et l’Etat d’Israël.

30 septembre 1997 : Déclaration de Repentance des évêques français au Mémorial de Drancy.

16 mars 1998 : « Nous nous souvenons, une réflexion sur la Shoa », texte de la Commission pontificale pour les relations religieuses avec le judaïsme, avec une adresse de Jean-Paul II au cardinal Cassidy.

Mars 2000 : « Prière universelle pour la confession des fautes commises dans les relations avec Israël et demande de pardon». Cette prière lue pendant le Carême, le 12 mars, à Saint-Pierre de Rome, fut déposée par Jean-Paul II dans les interstices du Mur à Jérusalem quelques semaines plus tard (26 mars), sous le regard du monde entier.

23 mars 2000 : « Avancées et tensions dans les relations judéo-catholiques : pour aller plus loin », discours du rabbin Eric Yoffie de l’Union des communautés juives américaines à l’Assumption College de Worcester (Massachussets), aux Etats-Unis.

10 septembre 2000 : « Dabru Emet » (« Parlons vrai »), déclaration juive sur les Chrétiens et le christianisme par des universitaires et des rabbins américains.

2001 : « Le peuple juif et ses saintes Ecritures dans la Bible chrétienne », texte de la Commission biblique pontificale.

Février 2002 : « Eglise et Israël, contribution des Eglises issues de la Réforme en Europe sur les relations entre les chrétiens et les juifs »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

Pour étudier l’histoire du peuple juif

et des relations entre Juifs et Chrétiens

 

Ouvrages généraux

 

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Collectif Dictionnaire encyclopédique du Christianisme ancien - Cerf, 1990

Collectif Histoire du Christianisme – Desclée, 1995 et suiv.

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CollectifMassada, haut-lieu de la résistance juive – Monde de la Bible, nov.-déc. 1992

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OUAKNIN (Marc-Alain)Le livre brûlé – Lire le Talmud – Lieu Commun, 1986

STEINSALTZ (Adin)Introduction au Talmud – Albin Michel, 1987

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BLUMENKRANZ (Bernhard) – Le Juif médiéval au miroir de l’art chrétien – Etudes augustiniennes, Paris, 1966

Collectif Saint Bernard et les Juifs – Revue « Sens », n°5, 1991

CollectifSaint Thomas d’Aquin à l’écoute de Maïmonide  - Revue SIDIC, n°1, 1974

DAHAN (Gilbert)Les intellectuels chrétiens et les Juifs au Moyen-Age – Cerf, 1990

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DELUMEAU (Jean) - La peur en Occident du XIV° au XVIII° siècle -  Fayard, 1978

GREBAN (Arnould   – Le mystère de la Passion

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MOULINAS (Pierre)Les Juifs du Pape – Albin Michel, 1992

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BIRNBAUM (Pierre)Les fous de la République – Fayard, 1992

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GIRARD (Patrick)Les Juifs de France de 1789 à 1860 – Calmann Lévy, 1976

GLAZER (Nathan) – Les Juifs américains du XVII° siècle à nos jours Calmann-Lévy, 1972

LEROY (Béatrice) – L’aventure séfarade. De la péninsule ibérique à la diaspora – Albin Michel, 1986

LUNEL (Armand)Juifs du Languedoc, de la Provence et des Etats français du Pape – Albin Michel, 1975

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BEN GOURIONMémoires. Israël avant Israël – Grasset, 1974

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DEROGY (Jacques) - 100.000 Juifs à la mer – Stock, 1973

GRYNBERG (Anne)La Shoah, l’impossible oubli – Gallimard, 1996

HILBERG (Raul)La destruction des Juifs d’Europe – Folio-Histoire, 1991

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